En se regroupant et en intégrant l’activité d’abattage dans leur nouvelle structure coopérative, la profession opère une révolution inédite dans le monde de l’élevage.
La filière élevage des Bouches-du-Rhône faisait face depuis quelques mois à une situation délicate : l’avenir du seul abattoir du département avait été menacé par la mise en situation de redressement judiciaire de la société ‘Alazard & Roux’, en avril 2018. Mais, pour la profession, pas question de renoncer à l’activité du site de Tarascon, essentiel pour la pérennité des filières d’élevage du département. Aussi, la Chambre d’agriculture, les éleveurs, leurs syndicats spécialisés et les collectivités ont travaillé très vite, et ensemble, sur un scénario de reprise de l’abattoir.
Après un travail de fond et d’expertise, l’ACCM (Communauté d'agglomération Arles Crau Camargue Montagnette) a souhaité se porter acquéreur de l’immobilier d’entreprise de l’outil (estimé à 3,6 millions d’euros) avec le soutien du Département, conforté dans cette opération par la loi NOTRe. La volonté de tous les partenaires était de pouvoir créer une coopérative composée d’éleveurs et de metteurs en marché, pour reprendre l’activité du site.
En attendant la décision du tribunal de commerce, un conseil d’administration provisoire de la future structure avait été mis en place. La gestion et la gouvernance de cette structure, par les éleveurs eux-mêmes, étaient au cœur du projet de reprise.
Les éleveurs aux commandes
Le 11 octobre dernier, la décision tant attendue du tribunal de commerce de Tarascon est tombée : elle vient valider le plan de redressement de la société ‘Alazard & Roux’ et va dans le sens de la création d’une coopérative de service, que les éleveurs souhaitaient et ont créé avec la Sica ‘Abattoir de Tarascon’.
Les éleveurs détiennent désormais 80?% du capital de cette nouvelle structure, chargée de gérer la partie opérationnelle de l’abattoir. Ils pourront conserver leurs circuits commerciaux, puisque la Sica ne gérera pas la commercialisation de viande. ‘Alazard & Roux’ reste présent dans cette nouvelle entité, qui intègre également de nouveaux metteurs en marché.
Avec cette décision du tribunal, l’ACCM devient officiellement propriétaire des murs et du matériel de l’abattoir, dont la gestion et le fonctionnement sont donc désormais confiés à la Sica.
Avec cette nouvelle structure coopérative chargée de la mise en route de l’outil de Tarascon, de nouvelles perspectives s’ouvrent en faveur de l’élevage du département.
La reprise de l’activité est espérée pour le début de l’année prochaine. Mais, d’ici-là, l’outil doit être modernisé et adapté à de nouvelles activités. Aussi, quelques étapes sont encore à franchir?: la première est l’obtention d’un agrément pour l’abattage au nom de la Sica. Ensuite, pour des raisons pratiques, la Sica doit faire l’acquisition du matériel de l’abattoir pour, encore une fois, que les éleveurs restent maîtres du fonctionnement de la structure.
Intégration de l’abattage porcin
L’abattoir va en effet intégrer l’ensemble des filières d’élevage du département des Bouches-du-Rhône grâce à quelques modifications d’organisation sur Tarascon. “Une nouvelle chaîne ovine va être créée dans un bâtiment situé juste à côté de l’abattoir. Il va permettre, avec du matériel de dernière technologie, de doubler la cadence d’abattage des ovins, mais aussi d’ouvrir une chaîne d’abattage porcine qui n’existait pas jusqu’à présent sur le site”, explique Sébastien Attias, responsable du pôle élevage à la Chambre d’agriculture.
En se regroupant et en intégrant l’activité d’abattage dans leur nouvelle structure coopérative, la profession opère une révolution inédite dans le monde de l’élevage. Le challenge est risqué, mais les éleveurs, qui en sont conscients, sont aussi déterminés à faire réussir leur projet, comme le confie Jacques Mailhan, élu Chambre d’agriculture en charge de l’élevage : “L’avenir de la filière était en jeu. L’abattoir était essentiel pour nos filières et à la promotion de labels tels que l’AOP Taureau de Camargue. Le projet n’était donc pas simple à mettre en œuvre, parce que ce n’est pas notre métier. Mais nous avons su rassembler et sommes parvenus à trouver, avec le travail de toute une équipe, les bonnes solutions. Il faut à présent redonner confiance à tout le monde, ce qui implique de travailler ensemble et de tous s’impliquer. Le site de Tarascon est un bel outil et peut le devenir encore davantage. Avec l’intégration de nouveaux metteurs en marché au sein du conseil d’administration de la Sica, nous avons un marché qui s’ouvre à de nouvelles perspectives commerciales. La reprise de l’activité de l’abattoir est assurée. À nous, maintenant, de le faire vivre.”
Emmanuel Delarue
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