Bouches-du-Rhône 31/03/2020
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Élevage porcin : l’horizon s’éclaircit un peu

Si les prix du porc atteignent aujourd’hui des niveaux inédits, les éleveurs restent prudents et mobilisés sur les questions sanitaires et le bien-être animal.

Robert Vincent et Gérald Moretti, respectivement membre du bureau du Groupement des producteurs de porcs et président, sont attentifs aux explications de Laure Eon, technicienne vétérinaire du groupement, concernant les mesures du plan gouvernemental

La conjoncture n’a pas toujours souri aux éleveurs de porcs ces dernières années. Loin de là. La flambée des matières premières, la concurrence déloyale, le trop-plein de réglementations et la volatilité des cours malmènent, depuis trop longtemps, une filière qui fait malgré tout face. En attendant mieux. Pourtant, depuis quelques mois, les exploitations ont, en dépit d’un contexte sanitaire toujours aussi pesant, retrouvé quelques couleurs. Mais le président du syndicat porcin 13, 83 et 84, Gérald Moretti, se veut prudent. Les embellies sont souvent très courtes. “Conséquence de l’épidémie de la peste porcine africaine en Chine et dans toute l’Asie, depuis avril 2019, le cours du porc ‘s’envole’ “, expliquait-il lors de l’assemblée générale du 12 mars. Premier producteur de porcs au monde, la Chine

(50 % du cheptel mondial) est aussi le premier consommateur de viande porcine. De ce fait, “un déficit entre sa production et sa consommation suffit à enflammer les cours mondiaux“. Avec cette crise sanitaire, les experts évaluent aujourd’hui entre 30 et 50 % la baisse du cheptel du géant asiatique.

La crainte PPA toujours présente

La situation de l’Europe reste néanmoins bien fragile, avec l’ombre de la Peste porcine africaine (PPA) qui plane toujours au-dessus des fermes françaises. “En effet, il ne faudrait pas qu’un foyer se déclare en Allemagne ou en France.“ Alors les exploitations prennent ce qui est à prendre, au jour le jour. Et, après une année 2018 marquée par une crise de plus, “les producteurs français respirent un peu et les trésoreries devraient remonter“. Mais une fois le soufflet retombé, le marché européen reprendra logiquement ses droits. “Les attentes de la société ne se seront pas non plus envolées et les annonces du gouvernement en ce début d’année sur la castration des porcelets en sont la preuve“, temporisait Gérald Moretti. “L’élevage de porcs doit pouvoir être réactif et s’adapter à ces nouveaux enjeux. En tout cas, le syndicat porcin restera mobilisé sur tous ces sujets d’actualité et continuera à œuvrer dans l’esprit collectif pour défendre le métier“, assurait le président.

Le secteur porcin envisage pour 2020 une faible croissance de la production française et européenne, tandis que chez les pays exportateurs (USA, Brésil, Canada), elle devrait se situer autour des 3  à 4 %. C’est encore la PPA qui dictera le marché, puisque la production chinoise devrait baisser de dix millions de têtes.

La consommation chinoise de viande de porc est donc vouée à se réduire et à se reporter sur d’autres viandes. Au vu de ces différents facteurs, la bonne nouvelle est que les prix devraient se maintenir à un niveau élevé cette année.

Mais le risque de l’extension de la PPA à un nouvel État Membre – et la possibilité d’appliquer, en cas de besoin, une régionalisation avec la fermeture à l’exportation des régions touchées – est à prendre en compte. Si les éleveurs sont relativement confiants quant à l’évolution de la situation à la frontière belge, l’inquiétude vient de territoires plus à l’est. Des cas de peste porcine africaine ont été signalés en Pologne et aux portes de la frontière allemande. Et, dans cette zone, il n’existe pas des systèmes de clôtures – qui ont d’ailleurs permis l’élimination des sangliers et arrêté la propagation de la maladie –, comme entre la France et la Belgique.

L’évolution du marché en 2020 devrait logiquement aussi être marquée par l’intensification des pressions sociétales, et le bien-être animal en tête. Sans compter les impacts du confinement lié à la crise du coronavirus, qui restent à établir une fois l’urgence passée.

La volonté des autorités est de renforcer la sensibilisation et la formation au bien-être animal dans les exploitations et l’enseignement agricole, mais le plan gouvernemental annoncé prévoit aussi l’adoption de certaines autres mesures. “À compter du 1er janvier 2022, chaque élevage devra, par exemple, désigner un référent bien-être animal, avec une formation spécifique obligatoire“, commentait Laure Éon. L’interdiction de la castration à vif des porcelets est la mesure phare à laquelle les éleveurs devront se soumettre avant la fin de l’année 2021. “Les éleveurs auront la possibilité de pratiquer, sous certaines conditions, l’anesthésie locale jusqu’ici non permise. Et l’idée est que tous les éleveurs se forment“, ajoutait la technicienne vétérinaire.

50 cochons par semaine

Les élevages de porcs connaîtront aussi, dans les mois à venir, certains changements au plan local, plus attendus cette fois et, surtout, plus porteurs. En effet, la reprise de l’abattoir de Tarascon par une Sica, regroupant éleveurs et metteurs en marché, s’ouvre également au secteur porcin.

Venu rencontrer les éleveurs porcins lors de l’assemblée générale du syndicat, Olivier Roux a eu l’occasion d’évoquer le dossier. “La chaîne porc est validée, et l’abattage sera effectué le mercredi avec une capacité de 20 à 50 cochons sur la matinée. L’objectif est d’élaborer un bon produit“, rapportait l’ex-dirigeant de l’abattoir de Tarascon. Il exploitera désormais l’outil, conjointement avec les metteurs en marché et les éleveurs réunis au sein de la Sica. Il a d’ailleurs incité ces derniers à “se remettre à produire du cochon, plein air ou semi plein air si possible. En effet, la loi Égalim – ou encore les mesures prises par les collectivités pour la restauration collective – encouragent aujourd’hui plus que jamais le produit local“.

Malgré les problèmes rencontrés actuellement dans le secteur de la viande, Olivier Roux n’est pas inquiet quant à l’avenir. “De plus en plus de marchés s’ouvrent sur le produit local. Le marché de la restauration collective, notamment. C’est un marché sûr, auquel on n’avait pas accès jusqu’à présent par le prix, mais qui devient accessible grâce au fait que nos élus ont pris conscience qu’il fallait valoriser nos productions de proximité.“ Sans compter le regain éventuel d’intérêt des consommateurs pour des produits et un approvisionnement local, suite à la crise sanitaire actuelle du coronavirus

L’abattoir de Tarascon pourrait être opérationnel avant l’été, avec un démarrage de la chaîne d’abattage des porcs en septembre. 

Emmanuel Delarue

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