Les agriculteurs ont mené une opération escargot en direction de la préfecture, et ont distribué des pommes aux automobilistes.
“La France veut-elle encore de ses paysans ?” C’est le cri du cœur qui a retenti dans la France entière ce mardi. Les agriculteurs l’ont poussé, par ras-le-bol et dépit. Difficile de se faire entendre par leurs concitoyens quand l’idéologie de l’écologie radicale véhiculée par quelques opposants a accès libre à tous les médias. Dans notre département ce 8?octobre, dénonçant une situation irrationnelle alimentée par le gouvernement, la Fédération des exploitants agricoles et les Jeunes agriculteurs appelaient donc à la raison. Quelques journalistes ont répondu à leur invitation du côté des Milles. L’objectif était d’expliquer, sur le terrain, les conséquences de l’application des nouvelles contraintes sur les Zones de non traitement (ZNT). Le gouvernement a, en effet, récemment engagé la consultation autour de ces ZNT à proximité des habitations. Les deux syndicats dénoncent que “certaines associations et certains maires, par pure démagogie, souhaitent imposer des distances de ZNT ahurissantes, alors que les cinq et dix mètres, déjà inacceptables, proposés par le gouvernement, porteraient fortement atteinte aux exploitations françaises”.
La fin de l’agriculture périurbaine
Chez Manuel Correia, exploitant maraîcher dans un secteur agricole périurbain, l’impact de l’application de ces mesures a été concrètement démontré : sur une parcelle de 7 000 m2 à proximité d’une route et cerclée de quelques habitations, les fameux dix mètres ont été matérialisés par des piquets pour identifier la totalité de la surface appelée à ne plus être exploitée. “La perte de terres en raison de l’interdiction de traitement représente plus de la moitié de la parcelle, soit 4 000 m2”, explique Patrick Lévêque président de la FDSEA 13. Pour l’exploitant qui y cultivait jusque-là de l’ail, cette réduction génèrerait “une perte de revenu d’environ 10 000 €”. Mais dans notre département, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. “On se retrouve, ici, sur une petite parcelle maraîchère typique des Bouches-du-Rhône où l’agriculture périurbaine est très présente. Si nous devions appliquer le retrait de dix mètres, nous perdrions beaucoup de petites parcelles entourées d’habitations. Et clairement, avec ce projet de décret, c’est l’agriculture périurbaine qui est appelée à disparaître”, observe le président de la Fdsea 13.
En viticulture ou en arboriculture, ces bandes de non traitement vont engendrer d’autres conséquences. “Bien des parcelles ne pourront plus être cultivées en raison des ravageurs qui vont s’y installer. Qui entretiendra ces surfaces rendues à la nature, ces friches qui seront par ailleurs facteurs de risques incendies ?”
Présents sur la manifestation, plusieurs viticulteurs dénonçaient, eux aussi, l’incohérence des autorités et ses conséquences sur leur activité, ou encore le mépris pour leur métier. Viticulteur sur Puyloubier, Thierry Robert regrette que “de plus en plus de citadins font le choix de venir s’installer à la campagne, attirés par ses mosaïques de cultures et un cadre de vie agréable, mais ne veulent, par contre, pas avoir les contraintes inhérentes à nos activités agricoles”.
“Il n’y a pas de charte à signer !”
Viticulteur à Lambesc et président de la commission viticole de la Chambre d’agriculture, Jean-Claude Pellegrin pointait, lui, l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouve la profession. “On nous demande de travailler dans le cadre de la transition écologique, mais sans nous donner de solution alternative. D’autre part, nous utilisons des produits homologués validés par l’Anses et trois ministères. Nous appliquons déjà la réglementation en vigueur, c’est la raison pour laquelle il n’y a pas de charte de bon voisinage à signer, d’autant que ce sont les dispositions du décret en matière de ZNT qui prévaudront”
Le désengagement de l’État sur la recherche pointé
Les pratiques des agriculteurs sur la conduite des cultures ont fortement évolué. Ces derniers le faisaient savoir aux journalistes. “Que ce soit grâce à notre meilleur emploi des produits phytosanitaires, l’utilisation des bulletins techniques délivrés par les services de l’État sur les observations de l’évolution des parasites et des maladies, ou notre approche raisonnée, nous avons considérablement réduit nos traitements. Nous essayons d’accélérer le rythme, mais nous sommes tributaires des maladies, des parasites, et aussi de l’avancement de la recherche”, expliquait Patrice Vulpian, arboriculteur à Saint-Martin-de-Crau. Et dans ce domaine, “l’État s’est plutôt désengagé, alors que c’est le sujet central”, ajoutait le co-président de la Fédération nationale des producteurs de fruits.
Emmanuel Delarue
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