La baisse d’activité des caveaux de vente, liée au confinement, et l’arrêt des ventes à l’export, ou vers les cafés et restaurants, impactent notablement l’activité des caves coopératives.
Entre la baisse d’activité des caveaux de vente et l’arrêt des ventes à l’export, ou vers les cafés et restaurants, les prochaines semaines s’annoncent décisives pour les caves coopératives viticoles du département. Ces dernières voient en effet leur chiffre d’affaires et leurs réserves de trésorerie plonger depuis le début du confinement.
C’est le cas de la cave de la Venise Provençale, à Saint-Julien-les-Martigues, dont 70 % de l’activité commerciale est réalisée en temps normal avec le caveau de vente. “Dès le premier jour du confinement, nous avons enregistré un arrêt brutal“, résume Maud Blanchard, directrice de la cave coopérative de la Côte Bleue. “Les clients sont revenus progressivement“, reconnait-elle, “mais sans atteindre les chiffres précédant la crise du coronavirus“. Les données de fréquentation sont en effet en chute libre, avec 50 à 70 clients/jour contre 150 à 200 clients habituellement. La conséquence la plus directe est une baisse de chiffre d’affaires – qu’elle chiffre à -20 % en mars, et à -50 à -60 % en avril, en comparaison des mêmes périodes en 2019 – et une mise au chômage partiel de quatre salariés. Seul élément de réconfort dans cette période d’incertitude, les commandes d’enseignes de la grande distribution avec lesquelles la cave travaille en direct : “Elles ont un peu augmenté le volume de leurs commandes“, précise la directrice. Pour tenter d’enrayer cette baisse de fréquentation, les dirigeants de la cave de la Venise Provençale ont opté pour une stratégie commerciale offensive. “Nous avons boosté la communication sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook, où notre nombre d’abonnés est multiplié par trois depuis le début de la crise du Covid-19, et développé la livraison aux particuliers. Nous participons également au marché des producteurs de Saint-Julien-les-Martigues“, explique Pierre Capirchia, président de la cave coopérative. La structure s’apprête également à mettre en ligne un site marchand, accessible depuis son site institutionnel, dont la livraison est prévue pour la fin de cette semaine (www.laveniseprovencale.fr).
La grande inconnue du marché du négoce
Didier Pauriol, le président de la coopérative viticole des Vignerons du Roy René, avoue avoir été quelque peu désorienté par l’annonce des mesures de confinement et “des informations contradictoires d’un jour sur l’autre, qui nous ont conduits à fermer les caveaux de vente de Lambesc et Saint-Cannat pendant quelques jours“. Si les deux espaces de vente ont, depuis, rouvert l’un après l’autre, l’amplitude horaire a été revue à la baisse, et le nombre de salariés a été réduit, passant désormais de cinq salariés à deux. “Une partie d’entre eux est au chômage partiel, en garde d’enfants ou en congés“, détaille Didier Pauriol, qui déplore un chiffre d’affaires divisé par deux depuis la mise en place des mesures de confinement. Lui aussi a dû aménager ses espaces de vente pour s’adapter aux contraintes sanitaires, en transformant, par exemple, le sas d’entrée en “hall d’exposition“ pour rassurer clients et salariés. La cave, qui exporte notamment vers les USA, a pu y expédier 25 palettes, avant la fermeture des frontières et l’expansion de l’épidémie dans le pays, désormais un des plus touchés dans le monde par le Covid-19. Autre segment de marché important pour les Vignerons du Roy René : l’enseigne de grande distribution, pour laquelle elle embouteille du coteaux-d’Aix sous marque distributeur, a maintenu ses commandes. Le négoce – qui représente 60 % du chiffre d’affaires – est, en revanche, plus inquiétant : “300 hectolitres seront livrés en avril. Nous avions sorti 5 000 hectolitres au total l’an dernier, à titre de comparaison. Et nous n’avons aucune visibilité sur les prochaines retiraisons“, s’alarme Didier Pauriol.
Comme beaucoup de ses homologues, l’incertitude sur les prochaines semaines est particulièrement anxiogène, d’autant que l’ensemble des salariés, hors caveau de vente, soit 17 personnes, sont à leur poste de travail : “Nous avons suffisamment de trésorerie pour tenir jusqu’à fin avril. Ensuite, ça risque d’être un peu tendu“. Pour anticiper sur les prochaines semaines, le conseil d’administration a d’ores et déjà décidé de réduire de 20 % les acomptes des coopérateurs. “La grande inquiétude, c’est de ne pas savoir combien de temps cela va durer. Et au-delà, il reste la question de l’après confinement et notamment l’évolution des marchés à l’export“, s’interroge le président de la Cave des Vignerons du Roy René.
Le CA lié à la vente directe divisé par deux
Les dirigeants du Cellier d’Eguilles essaient, eux aussi, de s’adapter à la situation inédite créée par les mesures de confinement, comme l’explique son président, Francis Tavernier : “Nous avons réduit les horaires d’ouverture du caveau de vente, désormais accessible en matinée uniquement“. Une vitre de plexiglas a également été installée au niveau de la caisse, pour protéger les salariés. Le chiffre d’affaires de la vente directe a néanmoins été divisé par deux : “On couvre les frais“, résume Francis Tavernier, qui se félicite d’avoir pu éviter des mesures de chômage partiel. “Les administratifs sont en télétravail, et ceux qui souhaitent continuer à travailler ou prendre leurs congés peuvent le faire.“
Si l’embouteillage, habituellement opéré par un camion, est stoppé jusqu’à nouvel ordre, le personnel de production poursuit le conditionnement des vins en bag-in-box, en respectant les distances de sécurité et avec un équipement adéquat, autrement dit, des gants et des masques de protection. L’export est en revanche en stand-by : “Les commandes sont parties vers les États-Unis, notre premier marché, avant le déclenchement de la crise du Covid. Quant aux commandes pour les autres pays, tout est stoppé“, résume le président du Cellier d’Eguilles. À l’instar des Vignerons du Roy René, aucune retiraison n’est pour l’heure prévue.
Seul point positif – qui vient compenser en partie la baisse d’activité du caveau de vente et l’arrêt brutal des livraisons auprès des professionnels de la CHR et des cavistes –, “les commandes de la grande distribution, avec laquelle nous travaillons depuis cette année, sont maintenues“, se félicite Francis Tavernier. Dotés de réserves “suffisantes pour tenir quelques mois“, le président et le conseil d’administration ont opté pour la prudence : “Nous avions prévu de doubler le montant des acomptes. Nous avons finalement reporté cette décision à une date ultérieure“.
Julien Dukmedjian
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