Aline, Stéphanie, Marie-Laure et Sylvaine sont les quatre ‘Filles de l’Étang’. Elles ont réalisé la première vendange de leur Cuma avec l’importante récolte de 2020, ce qui a permis au collectif de prendre ses marques (© DR).
Elles font du vin, rosé surtout, et sont fantastiques. Elles sont quatre et ont choisi de la jouer collectif, pour baisser leurs charges de structures et investir dans la gestion de leur vignoble. Mais, pour Marie-Laure, Stéphanie, Sylvaine et Aline, il s’agissait surtout de trouver une solution à l’arrêt d’activité de leur prestataire commun pour leurs vendanges.
Se tourner vers une autre entreprise ou acheter seule une machine à vendanger. Chacune aurait pu faire un choix différent. Mais elles optent finalement pour la création d’une Cuma, en 2019.
Stéphanie Contini est viticultrice depuis une dizaine d’années à La Fare-les-Oliviers et sur Berre l’Étang. Elle amène le raisin qu’elle produit aux coopératives des Vignerons du Castellas et des Vignerons du Mistral. C’est la coopératrice de la Cuma, baptisée Les ‘Filles de l’Étang‘. Avec elle, trois caves particulières l’accompagnent dans cette aventure. Sylvaine Roustan, du domaine Roustan à La Fare-les-Oliviers ; Marie-Laure Merlin, du Domaine de Suriane à Saint-Chamas ; et Aline Wenz Guglielmi, qui a la charge des vignes du Domaine Camaïssette d’Olivier Nasles, sur Eguilles.
La taille, la nature et l’organisation différentes de leur exploitation n’ont pas été un obstacle à leur initiative. Leur point commun ? “Concernées ensemble par le changement d’orientation de notre prestataire, nous avons réfléchi à notre organisation pour les vendanges. Il a fallu trouver une solution rapidement, et c’est Olivier Nasles qui a fait le lien entre nous“, explique Marie-Laure. La vigneronne de Saint-Chamas est à la tête d’une propriété familiale et gère une quarantaine d’hectares de vignes, depuis 20 ans. “Nous ne nous connaissions pas vraiment avant de nous lancer, et pourtant le feeling est très bien passé“, reconnaît-elle.
Un univers inconnu ou presque
Constituer une Cuma n’était pas forcément une formalité pour les filles, qui découvraient là l’univers de la coopération. Excepté pour Stéphanie, davantage rompue “aux réflexes, à la façon de penser et de fonctionner en groupe“. Aussi les vendanges 2019 – qu’elles réalisent avec du matériel acheté et prêté par l’une d’entre elles – les rassurent toutes les quatre dans leur approche complémentaire et leur volonté de se lancer ensemble.
“Durant cette première année, cela nous a aussi laissées du temps pour créer et constituer la Cuma, monter des statuts, bien réfléchir au règlement intérieur, et nous familiariser à des aspects encore méconnus“, indique Marie-Laure. Cela permet aussi aux vigneronnes de se connaître et de découvrir les rouages du travail en commun.
S’engager à plusieurs n’était pas sans questionnement. Aussi, se rapprochent-elles d’une Cuma voisine sur leur territoire et, bien sûr, de la Fédération départementale, pour avancer dans leur projet. L’une des principales problématiques était le fait d’envisager l’utilisation “d’un matériel dont tout le monde a besoin en même temps et dans un laps de temps très court“, reconnaît Marie-Laure. Mais, dans leur collectif, elles peuvent cependant s’appuyer sur le décalage de maturité existant entre la précocité de l’Étang de Berre et le secteur d’Eguilles.
“De toute façon, tout repose sur un équilibre qu’il faut soigner pour que chacune y retrouve son compte. C’est le concept de la coopération, avec ses avantages et ses inconvénients, qui n’en sont pas en réalité, si chacun apprend à lâcher du lest“, observe Marie-Laure. La difficulté pour Stéphanie, par exemple, était le fait qu’elle soit sur deux coopératives. “Je dois aussi jongler avec le planning vendanges de la Cuma, mais cela se passe bien“, confirme-t-elle.
Avec un métier en commun et malgré des problématiques et des gestions différentes, les ‘Filles de l’Étang‘ se sont retrouvées sur “une philosophie et une éthique communes“, résume Marie-Laure. Pour l’achat de la machine, aucune d’elles ne connaissait véritablement le marché. Et pour cette première acquisition de taille, elles cherchent conseil, se concertent dans l’étude des devis et réfléchissent à l’économie dans leur négociation.
Des concessions, mais des projets
Techniquement, Sylvaine et Marie-Laure avaient besoin d’un système égreneur embarqué sur la vendangeuse. Un outil pour lequel Stéphanie, la coopératrice, n’avait pas d’exigence ni d’intérêt particulier au départ. Mais elle y concède. Les ‘Filles de l’Étang‘ reconnaissent que, des concessions, elles ont appris à en faire d’autres. Marie-Laure démarre, par exemple, un peu plus tard qu’auparavant ses vendanges. Et c’est Sylvaine, en bio, qui déclenche la première la récolte de ses raisins. “La notion de solidarité, on la touche toutes du doigt“, explique Marie-Laure.
Ensemble, elles ont déjà bouclé deux récoltes, l’importante vendange de 2020. Et, en 2021, elles ont dû – avec le gel – s’adapter à des maturités quelque peu bousculées dans leur vignoble.
Le collectif est aujourd’hui conscient de l’intérêt de travailler en bonne intelligence. D’autant qu’avec leurs vies et leurs emplois du temps bien garnis, les ‘Filles de l’Étang‘ sont devenues amies.
Leur premier investissement en a déjà appelé d’autres. Marie-Laure souhaitait acheter un outil à disques, pour le désherbage et le travail du sol. Elle a soumis cette proposition d’acquisition au collectif, et l’achat s’est réalisé en commun. Il faut dire qu’au sein de la Cuma, deux exploitations sont en Haute valeur environnementale et deux en bio. Ainsi, au final, l’outil devrait servir plus que prévu !
Pour la suite de leur aventure, la question de l’intégration éventuelle d’un nouvel ou d’une nouvelle adhérente au sein de la Cuma est posée et reste ouverte. “Techniquement, cela demanderait beaucoup d’adaptation. Mais il faudra tout peser si cela se présente“, indique Stéphanie. Mais, pour le moment, les viticultrices s’estiment encore un peu “trop jeunes“ pour envisager un élargissement. En tout cas, pour ce qui est de l’acquisition de matériels, elles l’envisagent sur plusieurs autres postes.
Emmanuel Delarue
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