Pour Olivier Nasles : “Jusqu’ici, le bio s’est développée gentiment, de façon désordonnée, en réponse à des demandes variées. Aujourd’hui, il faut passer à l’étape supérieure. Les volumes sont là, il faut désormais créer de nouveaux marchés, de nouve
Interview
Olivier Nasles, président de la commission bio à la Chambre régionale d’agriculture
Il faut passer à l’étape supérieure
À l’occasion de la tenue de Tech & Bio au salon Med’Agri, Olivier Nasles, fait le point sur le bio en région.
Où en est le bio dans la région ?
Olivier Nasles : “La demande bio est une demande sociétale des consommateurs français, et plus largement des consommateurs des pays développés. La nier serait une erreur. La baisse des aides à la conversion et celle au maintien des exploitations ont pu envoyer des messages négatifs, mais nombre d’agriculteurs ont conscience qu’il faut répondre à cette demande sociétale, qui amène plutôt une meilleure valorisation. Tout cela explique le développement constaté en région Paca par l’Orab, l’observatoire de l’agriculture biologique, notamment sur la partie viti, historiquement développée dans notre région. La nouveauté, c’est l’explosion de l’élevage et du lait, ce qui explique la forte progression des surfaces bio, enregistrée dans les Hautes-Alpes. Le département a même ravi la première place des départements français en SAU au Bouches-du-Rhône. Ces deux départements sont d’ailleurs en tête du classement français en taux de SAU. En fruits et légumes, c’est plus compliqué, et c’est justement pourquoi nous avons mis le maraîchage au cœur des trois thématiques portées par Tech & Bio cette année à Med’Agri, avec le sol et la viticulture, qui reste en Paca le fer de lance du bio.”
Quels sont aujourd’hui les enjeux auxquels doit faire face la filière ?
O.N. : “Ils sont vastes et nombreux et se classent à différents niveaux : production, commercialisation, structuration des filières… Mais à mes yeux, le plus important est d’avoir en tête que faire du bio, ce n’est pas juste se faire plaisir. C’est un mode de culture qui a toute sa place dans l’économie agricole, en phase avec les attentes sociétales. Il faut donc raisonner en termes économiques, d’autant que cela coûte entre 25 % et 50 % plus cher à produire, par rapport au conventionnel selon les filières. Cela implique donc qu’il faut avoir en face des filières de mise en marché prêtes à absorber ce surcoût. Mais l’enjeu des prochains mois est peut-être dans le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Jusqu’ici, le bio s’est développée gentiment, de façon désordonnée, en réponse à des demandes variées. Aujourd’hui, il faut passer à l’étape supérieure. Les volumes sont là, il faut désormais créer de nouveaux marchés, de nouveaux circuits de commercialisation, en ayant en tête l’écueil de la grande distribution : c’est à la fois un phare, mais aussi un lieu dangereux, d’autant plus quand on voit le développement des publicités actuellement. “Bio et pas cher”, ça fait circuler de mauvais messages aux consommateurs.”
Et sur quels atouts l’agriculture régionale peut-elle s’appuyer ?
O.N. : “L’agriculture méditerranéenne en général, a de nombreux atouts, et j’inclus dans cela l’Occitanie et Rhône-Alpes-Auvergne, dans un triangle d’or allant de Valence à la Corse, en passant par Perpignan. Le premier est climatique, car théoriquement, on a moins de pression phytosanitaire du fait d’une moindre hygrométrie par rapport à la moitié nord de la France…, excepté cette année ! Mais nous pouvons aussi compter sur la diversité de productions, de cultures : F&L, vigne, papam, riz, élevage… Nous avons une richesse agricole et une spécificité d’agriculture méditerranéenne qui nous permet de répondre à toutes les filières de transfor- mation : alimentaire, agroalimentaire, cosmétique… avec une profondeur de gamme importante.”
Et quel sera le rôle de l’Orab dans tout cela ?
O.N. : “L’observatoire existe en réalité depuis une dizaine d’années. Mais l’Agence bio a voulu redynamiser les réseaux d’observatoire régionaux, conservant sa compétence d’observatoire national. Bio de Provence, en charge de ce réseau, a fait un travail de refonte sur le travail d’enquête, la communication. Les Chambres d’agriculture participent pleinement à son enrichissement. Il est fondamental d’avoir un outil de connaissance de la production?: qui produit ? Quoi ? Où ? Comment sont commercialisés les produits?? L’Orab est désormais à la manœuvre sur ces questions. La seconde réponse à apporter est une réponse ‘filière’. Quelles sont les filières en demande ? Aujourd’hui, le plus compliqué est de trouver des solutions sur la connaissance du marché aval. C’est un vrai casse-tête de savoir où partent nos productions bio méditerranéennes. Mais avec l’engagement des Chambres, on peut vraiment espérer avancer sur ces questions.”
Propos recueillis
par Céline Zambujo
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