Le déclassement d'une terre agricole en terrain constructible peut multiplier le prix d'une parcelle par 50 : une aubaine qui incite de nombreux propriétaires à la laisser en friche, en attendant une éventuelle modification du PLUi en leur faveur.
Entre 100 000 et 300 000 hectares de terres agricoles seraient en friches sur la totalité de la région Paca. Des chiffres à mettre en perspective avec les 800 000 ha de SAU (Surface agricole utile) dont dispose le territoire. Les raisons de ce phénomène sont bien identifiées : vieillissement de la population d’exploitants agricoles, pression foncière sur les zones périurbaines en raison de l’étalement des villes, attractivité du territoire... Autant de facteurs accentués par l’absence d’un recensement exhaustif des parcelles en friches. Pourtant, ce recensement permettrait de mettre en place des stratégies de reconquêtes, coordonnées entre les différentes collectivités locales ou territoriales (communes, communautés de communes, départements, région) et les services de l’État.
Cet immobilisme des différentes parties prenantes sur le dossier s’explique, en grande partie, par le coût des opérations de localisation et de cartographie des terres non exploitées, selon Erwan Marolleau, responsable du service ‘prospectives’, au sein de la Safer Paca. “Le budget nécessaire pour ce type d’opérations se chiffre à environ 50 € par hectare”, estime l’organisme chargé de l’aménagement et de la régulation du foncier agricole en Paca. Ce dernier dispose déjà d’un portail cartographique, dont la base de données est alimentée par les inventaires réalisés par la Safer et différents opérateurs partenaires : Chambres d’agriculture, Fédération des caves coopératives vinicoles, agriculteurs... Mais ces inventaires sont encore loin d’être exhaustifs et ne couvrent pas l’ensemble de la région. Avec l’application mobile de recensement des parcelles agricoles en friche, OpenFricheMap, dévoilée la semaine dernière à Marseille, la Safer Paca ambitionne d’identifier plus largement une partie de ces terres inexploitées. L’originalité de ce nouvel outil est le large spectre de public auquel il s’adresse : les agriculteurs, les chasseurs, et les personnes qui résident dans des zones rurales sont bien sûr les premières visées. Mais pas seulement...
Des objectifs a priori modestes
Les citoyens lambda (randonneurs, cyclistes…) sont, eux aussi, invités à enrichir la base de données en “remontant”, via l’appli et leur smartphone, les coordonnées GPS du lieu. Comme l’expliquait le responsable du service ‘prospectives’ lors de la présentation d’OpenFricheMap, l’utilisateur peut aussi détailler finement ses observations, en indiquant, via l’appli, s’il s’agit d’une terre, d’un pré, d’un verger ou d’une vigne par exemple, et même y ajouter une photo. L’ensemble des données ainsi envoyées à la Safer Paca est ensuite traité et implémenté, après validation, sur son portail cartographique (http://geo-paca.vigifoncier.fr/ portail_friches/index.html).
La Safer Paca affiche, pour l’heure, des ambitions qui peuvent sembler modestes, pourtant : “Recenser chaque année 1 % des friches agricoles, soit 1 000 à
3 000?ha, serait déjà une réussite, au vu des enjeux”, explique ainsi Max Lefèvre, directeur général délégué de la Safer Paca, qui vise aussi à une prise de conscience, par les élus des Chambres consulaires et des collectivités publiques, de cet enjeu. La réhabilitation des friches, après leur identification, a de fait des effets vertueux, comme ceux de “favoriser le développement de l’économie agricole, l’installation de nouveaux agriculteurs et le renforcement des exploitations existantes”, plaide Max Lefèvre. Autre argument mis en avant par ce dernier, “la reconquête permettrait aussi de maintenir des paysages de qualité et d’éviter les changements de destination. Les friches attirent des nuisances, comme l’implantation de cabanons et de dépôts d’ordures sauvages”, relève le directeur général, qui met aussi en avant des enjeux environnementaux : lutte contre les départs de feu en pied des massifs, propagation de maladies végétales, à l’image de la flavescence dorée...
La mise en œuvre de plusieurs Projets alimentaires territoriaux (PAT), dans divers territoires de la région - comme la Provence Verte dans le Centre Var ou la Métropole Aix-Marseille-Provence - devrait contribuer à ce travail titanesque de recensement, estime Max Lefèvre. “Les zones de cultures maraîchères implantées dans les ceintures vertes – autour des villes, des métropoles et le Val de Durance – sont les plus menacées par l’artificialisation des sols et l’essaimage des friches’, estime ce dernier, qui voit là une opportunité de sensibiliser les élus à cette question.
Julien Dukmedjian
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